[i57i]                                               DE LA VILLE DE PARIS.                                                    421
"Faict au Bureau, le xviime jour de Decembre mil
Ve LXXl, r,
De par les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris.
«Mathurin de Beausse, Quartenier de ceste Ville, nous vous mandons que vous ayez à faire sçavoir ès maisons des bourgeois et notables marchans de vostre quartier, s'ilz ont tenu et tiennent pas cha­cun jour ung homme armé en leurs maisons, sui­vant ce qui leur a esté cy devant mandé, leur enjoignant qu'ilz continuent ce jusques au lende­main des Roys, pour empescher toute esmotion populaire; et en ce faisant, qu'ilz ayent à retenir en leursdictes maisons leurs serviteurs et famille, ensemble leurs armes, dont ilz se saisiront et en­fermeront et mectront soubz bonne et seure garde, sur peine de s'en prandre à eulx. Sy n'y faictes faulte.
"Faict au Bureau, le xvnme jour de Decembre mil
Ve LXXl, n
26. — [Lettres du Roi, de la Reine
et du duc d'Anjou,
apportées à la vllle par le chevalier du guet. ]
17 décembre 1571. (A, fol. 265 v°; B, fol. 190 v°.)
Le dix septiesme jour de Decembre mil vc soixante unze, est venu au Bureau de ladicte Ville
Monsieur le Chevallier du Guet d'icelle Ville, à son retour de la court vers le Roy; lequel a presenté à Messieurs les Prevost des Marchans et Eschevins lettres du Roy, de la Royne et dc Monseigneur le duc d'Anjou, dont la teneur ensuict :
De par le Roy.
«Très chers et bien amez, s'il eust esté usé de la diligence que nous desirions et dont vous avons cy devant escript, pour le transport de la Croix dedans le Cymetiere de l'eglise Sainct Innocent ct desmo­lition de la Pyramide qui est en la place de la maison de feu Gastines, suyvant nostre dernier cedict de paciffication, les deux esmolions populaires qui se feirent sabmedy et dimanche derniers en nostre bonne Ville de Paris, dont nous avez escript et en­voyé les discours, lant par la poste que Chevallier du Guet, present porteur, ne feussent pas advenues. Nous faisons aussy responce et mandons par led. Chevallier du Guet à nostre court de Parlement'1' qu'elle ayt à faire promptement pugnir ceulx qui sont aucteurs et qui ont faict lesd, esmotions, affin que ce soyt tel exemple que l'on arreste par ce moyen la licence de telz désordres. A quoy, de vostre part, vous ne fauldrez de tenir la main en tout ce qui sera possible, ad ce que cela se puisse prompte­ment executer, et aussy de faire procedder au trans­port de lad. Croix et desmolition d'icelle Piramyde,
-1' Le Chevalier du guet apporta deux lettres de Charles IX au Parlement; elles sont enregistrées à la date du 18 décembre. La première, conçue endos termes extrêmement durs, était autographe. Elle paraît viser d'une façon générale l'attitude de la Cour vis-à-vis du Roi : .. . Voyant, y est-il dit, comme en avez usé depuis mon advenement à la couronne et que ne laissez, encores que je soys homme, de continuer à mespriser mes commandemens, je vous ay voullu faire cest honneur non accoustumé de vous escripre de ma main, et vous commander doresnavant obeyr à mes commandemens, ou je vous feray congnoistre ique n'eustes jamais Roy qui se soyt mieulx faict obeyr que je feray... Dans la seconde, spéciale à l'affaire de la Croix de Gastines, Charles IX manifeste de même tout son mécon­tentement et ordonne qu'on en finisse sans plus tarder. Nous la plaçons en regard de celle qui fut adressée à la Ville : "Les longueurs "et dissimulations dont il a esté usé à l'execution de ce que vous avons si expressement ct tant de foys escript.et mandé, et au Pre-"vost de Paris, ses Lieutenans, Prevost des Marchans et Eschevins de nostredicte Ville, pour faire transporter dedans le Cymetiere de «l'eglise de Sainct Innocent, la Croix qui est sur la Piramide assize en la place dc la maison de defunct Gastines, et pour la desmolition "de la dicte Piramide, suyvant nostre dernier edict de pacification, ont esté cause des deux esmolions populaires advenuz samedy et "dimanche derniers en nostredicte Ville, dont nous avez escript par ce porteur, le Chevallier du Guet; ct si cela demoiiroit gueres im-"pugny ct nostredicte volonté pour le faict desdictes Croix et Piramide encores sans executer, il seroit sans doubte cause de plus grand "inconvenient et d'un mespris à noz commandemens. A ceste cause, puis que lesdictes longueurs et dissimulations ont apporté ce "mal, nous voulons et vous mandons que, pour garder qu'il n'advienne plus grand, vous ayez à faire promptement faire punition exem-"plaire des principaulx autheurs et de ceulx qui ont faict lesd, esmolions, et à faire aussi procedder, sans plus user de remise ou dissi-"mulation, au transport de ladicte Croix et desmolition d'icelle Piramide; autrement nous aurions très grande occasion de mescontan-"tement. Donné à Amboise, le quinziesme jour de Decembre mil cinq cens soixante unze.» Ainsi signé : .-CHARLES)., et plus bas : «Pinart». A la suite sont transcrites des lettres du duc d'Anjou, de même date et pour le même objet. (Arc/lives nat., X1A 1634, fol. 97 v°, 98.)
■ Lé Chevalier du guet, présent à la séance du 18, donna à la Cour d'autres renseignements verbaux sur les dispositions du Roi. Quand il était arrivé à Amboise, ses amis l'avaient dissuadé de faire la commission dont l'avait chargé le Parlement (une demande d'ajournement indéfini), lui disant que l'on luy feroit ung fort mauvais visaige el qu'il n'y faisoit pas bon. En effet, il avait été très mal accueilli. Le Roi avait exhalé sou mécontentement, déclarant que si l'exécution avait été faite rapidement, comme il l'avait